Bien choisir son système de portage pour bébé

Porter son bébé, c’est bien plus qu’une question pratique. C’est une réponse directe à ses besoins fondamentaux de contact, de sécurité et de régulation émotionnelle. Pourtant, en consultation, je vois encore trop souvent des porte-bébés mal adaptés qui nuisent au confort du bébé, voire à son développement, et qui fatiguent inutilement les parents.
Alors comment s’y retrouver ? Qu’entend-on réellement par « portage physiologique » ? Et surtout, comment choisir un moyen de portage qui respecte à la fois la physiologie du bébé et celle du porteur ?

Pour cela, il est essentiel que le dos de bébé soit bien soutenu zone par zone, de la base jusqu’à la nuque, que ses genoux soient plus hauts que ses fesses (formant un « M »), et que son bassin soit basculé vers l’arrière. Sa tête doit reposer dans l’axe de sa colonne, contre le buste du porteur, tout en restant libre de tourner. Cette posture favorise à la fois le confort articulaire, la digestion et la sécurité affective.

Un bon portage, c’est donc un outil de développement global. Il soutient le système musculo-squelettique en construction, prévient les troubles de hanche, aide à calmer les coliques ou les reflux, et favorise le lien parent-enfant.

Pour l’adulte, un bon système de portage permet de porter confortablement avec une répartition équilibrée du poids, sans douleur au dos ou aux épaules, tout en libérant les bras pour les gestes du quotidien.

Tous les porte-bébés ne se valent pas. Certains modèles largement commercialisés présentent en réalité de nombreux défauts. Il faut notamment éviter les systèmes où le bébé est suspendu par l’entrejambe, dans une position raide, jambes pendantes. Ces modèles empêchent la bascule naturelle du bassin, compriment l’entrejambe, et laissent le dos plaqué contre le parent. Non seulement cela limite la liberté de mouvement du bébé, mais cela peut aussi engendrer une mauvaise posture chez le porteur.

Autre point de vigilance : les mentions marketing. Beaucoup d’emballages indiquent “dès la naissance” ou “physiologique” alors que le produit ne respecte pas la posture naturelle du nourrisson. Il est donc essentiel de bien s’informer avant de faire un choix.

Parmi les options réellement adaptées aux premiers mois, l’écharpe de portage est la plus complète.

L’écharpe tissée est sans doute l’outil le plus physiologique : elle s’adapte précisément à la morphologie de bébé et à celle du porteur, tout en offrant un excellent maintien. Son usage nécessite un peu de pratique, mais permet une grande variété de nœuds et une longue durée d’utilisation.

L’écharpe extensible (ou tricotée), plus souples et douces, sont parfois proposées comme alternative. Elles peuvent convenir les premières semaines, mais elles manquent souvent de tenue à partir de 6-7 kg. De plus, leur effet “seconde peau” n’est pas toujours apprécié des bébés souffrant de reflux.

Le sling, ou écharpe à anneaux, est une autre très bonne option dès la naissance. Il s’installe rapidement, se règle facilement, et permet un portage asymétrique très pratique, notamment pour les bébés allaités ou qui ont besoin d’être souvent portés en position verticale. Seul bémol : le poids est porté sur une seule épaule, ce qui peut devenir inconfortable pour des portages longs.

Quand bébé grandit et devient plus tonique, on peut envisager d’autres systèmes.

Les porte-bébés dits “préformés”, avec clips et bretelles, ne sont vraiment adaptés que lorsque l’enfant est capable de s’asseoir seul, en général autour de 6 à 9 mois. Avant cela, même avec des inserts ou réducteurs, ils ne respectent pas suffisamment la posture physiologique.

Les modèles hybrides, comme le mei-taï, sont une alternative intéressante. Mi-écharpe, mi-préformé, ils offrent une belle adaptabilité et un bon maintien à condition de bien les nouer. Certains modèles peuvent s’utiliser dès la naissance, selon les techniques de portage choisies, mais ils nécessitent une certaine expérience.

Le portage ventral est la position idéale dès la naissance. Il permet un contact proche, rassurant, et un bon contrôle visuel et postural. Plus tard, vers 3 ou 4 mois, lorsque bébé tient sa tête, le portage sur la hanche devient une option naturelle, en particulier avec un sling, qui libère un peu le champ de vision tout en restant enveloppant.

Le portage dans le dos peut être introduit dès lors que le bébé présente un bon tonus axial, généralement à partir de 4 mois, et que le porteur est bien formé. Il faut alors s’assurer que la position physiologique est parfaitement respectée : dos arrondi, jambes fléchies, assise profonde, et bon maintien global. Un portage dans le dos bien réalisé peut grandement soulager le porteur, tout en répondant aux besoins de bébé en confort et en curiosité.

Le portage face au monde, bien qu’attrayant, n’est pas recommandé. Il ne respecte ni la courbure naturelle du dos, ni l’ouverture des hanches, et expose l’enfant à une surcharge sensorielle sans possibilité de se protéger. Pour élargir son champ visuel de façon plus respectueuse, le portage sur la hanche ou dans le dos reste préférable.

Le meilleur conseil que je puisse donner, c’est de se faire accompagner.

Participer à un atelier avec une monitrice certifiée. Vous pourrez y tester différents systèmes, découvrir celui qui convient à votre bébé et à votre morphologie, et apprendre à l’installer en toute sécurité.

Chaque bébé est unique : certains aiment être bien enveloppés, d’autres préfèrent plus de liberté. Il en va de même pour les parents : les goûts, les besoins, le quotidien influencent beaucoup le choix du moyen de portage.

Méfiez-vous des slogans marketing : beaucoup de produits affichent “physiologique” sans l’être réellement. Évitez les achats dans les grandes enseignes ou sur des sites non spécialisés : on y trouve souvent des modèles peu adaptés, et les vendeurs ne sont pas toujours formés.

Mieux vaut se tourner vers des boutiques de portage, des ateliers, ou des professionnels de la périnatalité pour faire un choix éclairé.

Le portage est un formidable outil d’attachement, de développement et de confort, à condition qu’il respecte la physiologie du bébé et du porteur.

Dès la naissance, les systèmes les plus adaptés sont l’écharpe tissée et le sling.
Les porte-bébés à clips ne conviennent qu’aux bébés toniques, capables de s’asseoir seuls.
Plutôt que de suivre les promesses marketing, mieux vaut apprendre à observer la posture de votre enfant : dos enroulé, genoux relevés, bassin basculé, nuque soutenue… et bébé à hauteur de bisous.

Faites-vous accompagner si besoin, testez, ajustez, et faites-vous confiance : le portage s’apprend et s’adapte, tout comme la parentalité.

Porter, oui… mais porter en conscience, c’est encore mieux.

Elise ADORIAN

Ostéopathe Périnatale et Pédiatrique